5 - D'un point de vue énergétique et climatique (suite)

Publié le 31 Mars 2020

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(Les slides et les principaux arguments sont extraits de deux des conférences de Jean-Marc Jancovici : 
 - Énergie et Climat : qu’est-ce qu’on fait Président ?
 - Leçon inaugurale de Jean-Marc Jancovici à Sciences Po le 29/08/2019)


 
SLIDE N° 15 : 

 

Ainsi, toutes sources d'énergies confondues, l'approvisionnement de l'Europe est globalement en décroissance depuis 2006. Et c’est bien cela qui a précédé et annoncé la crise de 2008.


SLIDE N° 16 :

Si l’on regarde maintenant le prisme de la croissance, on voit que les variations du PIB européen se résument en trois phases principales : les Trente Glorieuses (environ 4% de croissance par an), les Trente Piteuses (2% de croissance en moyenne), puis l'après crise de 2008 (plus ou moins entre 0 et 1% de croissance).

Cette lente décrue est à l'origine du chômage, de l'endettement public et privé croissant, et de la difficulté grandissante à maintenir tous les services publiques mis en place par l'État Providence en France (cinq semaines de congés payés, RTT, retraite, chômage, sécurité sociale, santé, justice, etc).

Cela a débouché sur les gilets jaunes en France, et, pour une partie, sur le Brexit en Angleterre.



SLIDE N° 17 : 
Or, lors de la signature du Traité de Paris, les responsables politiques entérinent l’Accord de Paris. Mais avaient-ils bien conscience de ce que représente le respect de non dépassement des 2 degrés en 2100, notamment en terme de PIB ?

SLIDE N° 18 : 
Déjà bien avant l’accord de Paris, on constate que les traités qui se suivent et s’enchaînent, à chaque COP, ont bien peu d’effets concrets sur les émissions de CO2.

Si l'on met ces émissions mondiales de CO2 en ordonnée, on est bien obligé de reconnaître que peu de choses ont réellement été mises en place.

Comme nous le disions, il est vrai que les accords signés par les pays ne sont pas contraignants.

SLIDE N° 19 : 
Pourtant, l'effet de serre est connu depuis fort longtemps.

SLIDE N° 20 : 
Si l’on prend du recul sur les 150 dernières années, on voit que les émissions mondiales de gaz à effets de serre n’ont quasiment fait que croître.

SLIDE N° 21 : 
Il faut savoir que l'inertie des variables du changement climatique se comptent en centaines, en milliers, voire en dizaines de milliers d'années. 

C’est le cas, par exemple, du CO2 émis dans l’atmosphère. Le CO2 est très stable et se dégrade très lentement. Au bout de 100 ans, il reste encore 50 % du CO2 émis. Au bout de 1000 ans, il en reste encore 20 %. Et au bout de 10 000 ans, il en reste encore 10 %.

Le retour en arrière sera donc impossible, à l'échelle des sociétés humaines. Il faudra vivre avec. Il n’existe pas de bouton ‘Reset’, nous permettant de faire revenir le climat de l’année 2019, ni celui de l’année 2018, etc.

Pour ainsi dire, nous ne connaîtrons plus jamais le climat des années passées. Si le climat actuel ne nous plaît pas, la seule chose qui est sûr, c’est qu’il continuera à se dégrader au fil des années.

Et même si on stoppait net l’ensemble de nos émissions de CO2 demain matin, le climat des 20 prochaines années est déjà embarqué. En fait, si l’on souhaite limiter les émissions de CO2, c’est uniquement pour la vie des générations futurs et des jeunes d’aujourd’hui.

Alors, vers quel monde allons-nous, avec le changement climatique ?

SLIDE N° 22 : 
Pour en avoir une petite idée, il est intéressant d’étudier les variations de climat que l’on connaît déjà.

Il y a 20000 ans, la température moyenne était de moins cinq degrés inférieure à celle d'aujourd'hui. Il s’agit de la dernière ère glacière.

Le niveau de la mer était de 130 mètres sous le niveau actuel. Une calotte glacière recouvrait le continent de l'Europe, où, vraisemblablement, seuls quelques dizaines de milliers d'hommes pouvaient survivre.

A l'opposé, on ne peut pas savoir exactement à quoi ressemblerait l'Europe avec un climat de plus cinq degrés par rapport à aujourd'hui.

Mais ce dont on peut être sûr, c'est que les changements sont certains, et pas seulement à la marge.

Si l'avenir de la planète Terre est assuré, celui de quelques sept ou milliards d'humains l'est beaucoup moins.

SLIDE N° 23 : 
Si toutefois, on arrive à ne pas dépasser les 2 degrés de réchauffement climatique d’ici 2100, à quoi va-t’on avoir droit ?

Suite à une hausse de deux degrés, les modèles climatiques n'indiquent pas une évolution uniforme des précipitations sur l'ensemble du globe.

Par exemple, le bassin méditerranée sera très touché.

SLIDE N° 24 : 
La surface cultivable moyenne par personne, qui est en déclin depuis plusieurs décennies, devrait ainsi poursuivre sa descente..

SLIDE N° 25 : 
Un réchauffement climatique de 1, 1,5 ou 2 degrés a un impact certain sur diverses composantes du monde : 
 - Les coraux d'eau chaude
 - Les mangroves
 - La pêche artisanale à basse latitude
 - La région arctique
 - Les écosystèmes terrestres
 - Les inondations côtières
 - Les inondation fluviale
 - Le rendement des cultures
 - Le tourisme
 - La morbidité et mortalité liées à la chaleur

SLIDE N° 26 : 
Si le réchauffement climatique dépasse les 2 degrés, les conséquences sont encore plus alarmantes.

On le voit, par exemples, concernant diverses composantes des terres, pour un réchauffement allant de 1 à 5 degrés :
 - La pénurie d'eau en zone sèche
 - L'érosion des sols
 - La perte de végétation
 - Les dégâts causés par les feux de forêt
 - La dégradation du pergélisol
 - La baisse du rendement des cultures tropicales
 - Les instabilités de l'approvisionnement alimentaire

SLIDE N° 27 : 
L’Arctique risque de contribuer à l'élévation du niveau de l'océan au cours des siècles à venir.
L'inertie de ce phénomène est très élevée.
De nombreuses métropoles côtières sont concernées.
Récemment, le chiffre de 280 millions de personnes contraintes à s'exiler, à terme, était avancé.

Si nos sociétés sont trop désorganisées par le réchauffement climatique, et si, par exemple, les flux de migration sont trop élevés, c'est la mise en place d’un monde où la guerre sera assurée partout, et où les démocraties seront évidemment menacées.

SLIDE N° 28 : 
Autre exemple : la simulation de la montée du niveau de la mer de 9 mètres sur une partie des côtes européennes modifie complètement le trait de côte des Pays Bas et du nord de l’Allemagne.

SLIDE N° 29 : 
Si l’on ne connaît pas la liste exhaustive des conséquences du réchauffement climatique sur la planète, on sait, en tout cas, qu’elles seront de tous ordres : 
 - Changement de la circulation océanique
 - Augmentation des maladies
 - Fonte du permafrost et relargage de méthane
 - Relargage du carbone des sols
 - Conséquences sociétales diverses

L'ampleur des conséquences du réchauffement climatique dépendra bien de nos émissions.
Mais nul ne peut prédire exactement ni l'ampleur ni l'étendue exacts des dégâts au fil des années.

En toute logique, en pareils circonstances, nous devrions sûrement nous référer au Principe de Précaution.

SLIDE N° 30 : 

Pour limiter les conséquences de ce réchauffement, le Traité de Paris stipule que nous ne devons pas dépasser les 2 degrés en 2100.

Mais est-ce si simple à respecter ?

Quelque-soit la date d’émission de CO2, entre 1850 et 2050, ce graphe nous montre qu’il ne faut pas dépasser l’émission de 3000 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère.

Or, en 2018, les humains avaient déjà émis, dans l'atmosphère, un peu plus de 2000 gigatonnes de CO2.

Si l'humanité souhaite respecter les deux degrés de réchauffement climatique, en 2018, il ne lui restait plus à émettre "que" 1000 gigatonnes de CO2, d'ici 2050.

Aujourd’hui, fin mars 2020, il ne nous reste plus que 750 gigatonnes à émettre...

En d'autres termes, une humanité, deux fois plus nombreuse, va devoir consommer plus de deux fois moins que ce qui l'a déjà été, par le passé !

D’ici à 2050, il nous faudrait diminuer les émissions par 3 au niveau mondial.

Et si l’on souhaite répartir les émissions de CO2 sur l’ensemble des pays de la planète, il nous faudrait, en France, diviser nos émissions par 6 ou 9, d’ici 2050.

Or, nous ne sommes plus qu’à 3 petites décennies de 2050. il nous faudrait donc, pour atteindre cette objectif, diminuer nos émissions de 4 % chaque année.

Et comme les variations du PIB sont étroitement liées à celles de la consommation d’énergie, et particulièrement celle du pétrole, cela signifierait aussi, dans les grandes lignes, une diminution, chaque année, de 4 % du PIB.

Et tout cela dans la bonne humeur, pour les entreprises, pour les salariés, pour le pouvoir d’achat, pour tous les services rendus par l’État Providence (congés, RTT, retraite, chômage, sécurité sociale, etc), et au final, pour la démocratie.

Voilà le vrai dilemme et le vrai défi de l'Accord de Paris, signé dans l’allégresse en 2015.

SLIDE N° 31 : 

Face à ce constat, les actions doivent venir de toutes parts, au niveau individuel, au niveau de la ville, du département, de la région, des états et de l’ONU.

 

Une des premières questions que l’on se pose est : « Quels sont les plus grands postes d'émission de CO2 ? »

Autrement dit, quels sont les postes d'émission auxquels il faut s'atteler en premier, et sans lesquels, aucun changement majeur ne pourra intervenir, si on ne les prend pas en compte ?

On voit, par exemple, en premières places, les centrales à charbon (20% des émissions de CO2), l'agriculture (20% des émissions de CO2), et les transports (14%).

 

SLIDE N° 32 :

Le temps nous est aujourd’hui largement compté.

Et, moins vite on organisera la transition vers la décroissance, plus on favorise les risques de désorganisation de nos sociétés (agriculture, transports, systèmes sociaux et politiques, démocratie, démographie, etc)

 

Si cette décroissance est inéluctable, d’ici quelques années, avec la déplétion pétrolière mondiale imminente, mieux vaut une décroissance choisie et anticipée, qu’une décroissance subie amenant le chaos.

 

SLIDE N° 33 :

Au niveau de l’action collective, voici donc les neufs principales propositions, sur le site decarbonizeurope.org, afin de décarboner l'Europe : 
 - Fermer toutes les centrales à charbon
 - Abaisser la consommation maximale des voitures neuves à moins de 2l aux 100kms en 2030
 - Remplacer l'autosolisme par des bus, du covoiturage, des vélos, de la marche et des trains
 - Remplacer l'avion par des trains à grande vitesse, ou par des trains de nuit
 - Pour l'industrie, baisser les flux de matériaux primaires produits
 - Pour les logements, décarboner le confort
 - Lancer un grand chantier de rénovation "carbonique" de tous les bâtiments publics
 - Pour la filière "Bois", développer l'économie de la forêt "durable"
 - Et enfin, concernant l'alimentation, diviser par deux le cheptel, développer les filières AOC, augmenter la qualité, remettre en place des haies dans les champs, et baisser les intrants chimiques dans l'agriculture

Au niveau national, la mesure la plus concrète et efficiente qui puisse être prise,afin d'accompagner la décroissance, c'est une taxation croissante des émissions de CO2 (taxe carbone) et un abaissement proportionnel des autres taxations déjà existantes.

Évidemment, Tout cela resterait à définir plus précisément dans ses applications.

Voilà déjà quelques pistes prioritaires, à mettre en place, au niveau collectif.

 

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Rédigé par Thierry

Publié dans #Environnement, #Energies fossiles, #Croissance, #Décroissance

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